Le HFB changé en parc d’attractions ?
Alors que la fin de la mise sous cocon du HFB touche progressivement à son terme. Que le débat sur la sauvegarde patrimoniale des 2 derniers hauts-fourneaux wallons est relancée par la sortie de l’ouvrage « Vive les Hauts-Fourneaux » de Noémie Drouguet et Philippe Bodeux. Et que la Foire d’octobre a clôturé sa saison 2017 avec une fois encore des résultats satisfaisants …
Nous souhaitions livrer à la critique des liégeois(e)s une idée qui anime notre réflexion commune depuis plusieurs mois sur l’avenir du site emblématique du HFB, situé à la frontière de nos deux communes, à deux pas de l’enfer de Sclessin et du futur pôle culturel de Seraing.
Si nous sommes convaincus qu’il est important de sauvegarder un témoin de l’épopée industrielle mosane dont CMI vient de célébrer les 200ans avec une très belle exposition. Nous sommes aussi persuadés que cette sauvegarde ne pourra se faire que si elle est accompagnée d’un projet économique ambitieux tourné vers l’avenir.
Si nous nous rendons bien compte qu’un tel site présente de nombreuses difficultés de reconversion à surmonter dont son démantellement, sa dépollution, son affectation au plan de secteur et son financement global. Nous sommes aussi convaincus qu’envisager un parc d’attractions est réaliste et réalisable !
Roland Duchâtelet avait déjà émis l’idée d’un « Walibi liégeois » à Sclessin lors de son passage à la présidence du Standard de Liège. Il s’inspirait des nouvelles tendances observées autour des pôles culturels et sportifs en Europe ainsi que de leur potentiel multifonctionnel.
Un tel projet permettrait de donner une dynamique urbaine inédite et attractive à cet axe stratégique qui se trouve à la croisée des chemins : Condroz, Hesbaye et Vallée mosane. Il pourrait aussi apporter une certaine mixité à l’affectation des nombreux hectares de friches industrielles et ce sans contraindre l’avenir industriel des sites voisins.
LE RECREATIF PLUTOT QUE LE PATRIMONIAL PUR
Pourquoi partir sur l’idée d’un parc d’attractions style Walibi, Phantasialand ou Efteling plutôt que sur le tourisme patrimonial industriel ? D’une part parce que ce type d’offre est déjà très présente (Blegny Mine, le Pass, C-Mine, …) et d’autre part parce que le patrimoine industriel se porte mal avec des chiffres de fréquentations plus bas que ce qu’on a connu en 2004 là où les attractions récréatives progressent entre 14 et 24 %[1]. Pour faire revivre un lieu, il est important que le public suive. En Province de Liège, ce n’est pas un hasard si Plopsacoo contribue à tirer les chiffres du tourisme liégeois vers le haut.
Dans l’échantillon « 220-213 attractions », la Province de Liège arrive en 4ième position derrière le Hainaut, le Brabant wallon et Namur. Dans l’échantillon « 43-40 attractions », Liège est en recul pour la 3ième année consécutive. Ce sont les attractions récréatives qui tirent les chiffres vers le haut. A la lecture des résultats de Liège au niveau des touristes néérlandophones dans l’échantillon « 128 attractions », c’est la province francophone la moins bien placée … Entre 2008 et 2015, elle a perdu 49 % de ses touristes flamands !
Reconvertir le HFB en parc d’attractions en plein cœur de l’Euregio, au carrefour des Pays-Bas, de l’Allemagne et de la Flandre (Limbourg) peut faire sens pour autant que l’on fasse preuve d’audace, d’ambition et de créativité à l’image de la Rhur, la Sarre, la Lorraine et le Luxembourg qui ont pu concrétiser des projets de reconversion attirant à la fois des touristes, des habitants et des activités économiques. « Le tourisme lié au tourisme industriel fonctionne d’autant mieux qu’il est accompagné d’autres activités ». [2]
PARC D’ATTRACTIONS ET/OU A THEMES ?
Si le vocable « parc d’attractions » englobe bien souvent tous les parcs, un parc à thèmes propose une immersion dans un univers déterminé comme par exemple Disneyland, le Parc Astérix, Europa Park, …
Il pourrait ainsi être intéressant que le projet liégeois développe un thème en relation avec l’histoire et l’identité du lieu. On pourrait ainsi imaginer un parc autour des 4 éléments : l’eau, la terre, l’air et bien entendu le feu !
D’autres idées sont bien évidemment envisageables comme les parcs pédagogiques et ludiques développés par Lego qui pourrait se focaliser sur le volet « Technic » par exemple. Il existe une multitude de déclinaisons possibles, d’échelle, de cibles, ce qui veut dire autant de business model ou d’étude de faisabilité à mener !
Ce type de tourisme, dit d’entertainment, viendrait compléter l’offre touristique diversifiée de la région liégeoise. A une époque où les Belges, les Européens consomment de plus en plus les attractions touristiques, quelles qu’elles soient, ce projet s’inscrirait donc dans l’air du temps.
Sudpresse a par ailleurs consacré un article à ce projet. Vous pouvez le consulter ici.
[1] Page163, « Vive les Hauts-Fourneaux » de Noémie Drouguet et Philippe Bodeux
[2] Attractions et Tourismes asbl, Mise à jour du diagnostic du secteur des attractions touristiques en Wallonie 2004-2015